Les lotissements sont des émulations de communautés utopiques. Dans les années 1920, la secte utopiste Kibbo Kift fabriquait des bannières qu'elle apportait à des endroits précis où se trouvaient des monuments historiques, mystérieux ou naturels, comme Silbury Hill ou Stonehenge. Les projets immobiliers autour de Los Angeles ne sont pas mystérieux mais peuvent être considérés comme tels. Ils permettent d'échapper à la vie urbaine et portent des noms qui évoquent une réserve naturelle, comme Hidden Hills, Golden Valley, Garden Paradise Estates. Même s'ils sont tous situés dans le ciel pollué par le smog, comme tout le monde dans le bassin de Los Angeles, ils suscitent le désir d'une vie utopique dans la nature, d'une époque plus simple. Comment oublier la technologie, l'automatisation et les conséquences de notre ère hyper technologique. La signalisation est placée à l'extérieur de l'entrée comme les bannières de Kibbo Kift, qu'ils fabriquaient et apportaient cérémonieusement dans ces lieux naturels ou historiques. Si l'on médite dessus, peut-être deviendra-t-elle réelle, transposant le désir d'évasion et de vivre sans entraves au paradis, « revenir au jardin... » comme le dirait Joni Mitchell. Kim Gordon

Chronicles Vol.3 combine les peintures immobilières de Kim Gordon avec des toiles mises en scène photographiées par Josephine Pryde dans des appartements et des bureaux vacants à Kriens et Lucerne et dans les environs. Les photos, qui ont été prises à l'aide d'une technologie purement analogique, créent une atmosphère à la fois inquiétante et enchanteresse.