Antiperformances réuni une série de statements dans un bloc-note à feuillets détachables.

En 2021, dans son court-métrage En finir avec l’Art, Noémi Lancelot pose les fondements de son (anti)pratique. Elle interroge le renoncement au travail artistique et étudie des cas d’artistes démissionnaires. Le film est introduit par cette question, que l’artiste pose à un·e interlocuteur·ice au téléphone : « Comment faire pour produire un objet qui parle de l’arrêt de la production ? »

Le projet des Antiperformances pose la question de la production performative en tant qu'objet. Directement inspiré des Language Pieces de Lee Lozano, les protocoles s'enchaînent comme des proverbes : une invitation à penser l'action par la négation. Questionnant l'engagement comme pratique artistique, la question du médium et celle de l'institution, ce livre qui n'en est pas vraiment un ne tombe pas dans le moralisme : il relève autant de la fiction que du documentaire. Si une seule question devait le résumer, cela serait : comment être artiste aujourd'hui ? »

Les textes sont écrits comme des attestations, donnant à chaque fois une précision sur la pensée de l'artiste, comme pour affirmer la radicalité de sa posture et de son rejet du système de l'art. Ce que Noémi Lancelot fait et (surtout) ce qu’elle ne fait pas - elle l’atteste sur l’honneur – dessine les contours de sa pratique et de son identité.

Chaque attestation est imprimée sur le verso d’une page, de sorte qu’à l’ouverture, dans le sens de lecture propre à sa forme, le bloc-note apparaît vide de tout contenu. C’est en soulevant les pages que les textes apparaissent, la publication se fait objet critique par son façonnage comme par les mots qui y sont imprimés, pour une anti-performance littéraire totale.