Depuis près de vingt ans, Peter Piller (né en 1968 à Fritzlar, en Allemagne) effectue des excursions périphériques, ou Peripheriewanderungen (promenades périphériques), dans diverses villes européennes. À Hambourg, dans la région de la Ruhr, à Bonn, à Graz et à Barcelone, il a exploré de petites sections de zones marquant les limites extérieures de l'habitat urbain dans des villes et des régions de taille variable. Au cours de ces promenades, Peter Piller suit les choses qui attirent son attention ainsi que les indices de sa mémoire, et met fin à son excursion lorsqu'il se sent incapable d'absorber quoi que ce soit de plus. Lorsque quelque chose l'intéresse particulièrement au cours de l'une de ses explorations, il s'écarte des itinéraires déterminés, se promène dans la région ou attend simplement un moment clé. Il en résulte des archives de photographies qu'il développe ensuite dans son atelier avec ses Erinnerungszeichnungen (dessins de mémoire). Dans ces cartes mentales, le dessin complète la photographie et vice versa.

Le Fotomuseum Winterthur a commandé à Peter Piller une œuvre qui l'a amené à se rendre à Winterthur à plusieurs reprises pour prendre des photos au cours des années 2013/14. L'exposition Peripheriewanderung Winterthur (Promenade périphérique, Winterthur) et le livre d'artiste du même nom montrent comment un intérêt passionné datant de son enfance entre à plusieurs reprises dans la vie de Piller. Ou, pour reprendre ses propres termes : « Les intérêts enfouis ou refoulés par les hormones ne meurent pas, mais vivent sous forme encapsulée, passent inaperçus pendant des décennies, puis réapparaissent soudainement. Dans le nouveau millénaire, ils ont été déplacés plus loin, prenant une voie biographique et exigeant, naturellement et immédiatement, un exutoire par le biais de la photographie ». Avec son regard laconique et plein d'humour, il ne se contente pas de braquer son appareil photo sur des complexes industriels vieillissants, des lotissements résidentiels bien organisés et des espaces verts, mais il se livre également à une réflexion sur sa propre profession.