16.09.21 — 30.10.21 - Rennes - France

SEUIL

Quentin Yvelin, développe un travail photographique fait de rencontres, de voyages et de récits. Dans son univers, les corps – nus ou flous – se mêlent à la végétation et s’approprient une existence plus rustique, loin de toute modernité. Les étincelles de feux rituels ou l’éclair d’un flash traversent la nuit font des forêts des lieux mystiques, terres d’interrogations et d’initiations. Anonymes, les personnages capturés par l’artiste deviennent des symboles, des allégories que le regardeur est libre de s’approprier. Le noir et blanc, la couleur, la pose et l’instantané, le documentaire ou le poétique se rencontrent ou se croisent, se questionnent . Il y a dans ses images, quelque chose de suranné, une tension entre la mélancolie et l’étrangeté, entre le fragile et le brutal.
Le travail artistique de Quentin Yvelin se situe à la frontière d’une écriture documentaire subjective et d’une approche symbolique, s’articulant autour de questions liées à l’autobiographique, la fiction, l’étrange et la marginalité. Sa pratique s’inscrit dans un champ élargi du photographique avec l’installation, l’écriture et de l’auto-édition.
« J’aime le hasard , le fortuit et les aléas techniques que l’argentique propose, son côté intuitif et expérimental conduit à des expressions plus sensitives et fragiles, au plus près de nos états intérieurs. Les voyages et les rencontres, les impressions et les hasards, l’engouement et la déception sont les fragments d’un réel que je tends à rendre poétique, de l’intimité et des récits que je cherche à partager. Ma démarche est quelque part entre le réel et l’onirique quasiment la fiction notamment par mon usage expérimental de la photographie argentique et des supports imprimés : fanzines, livres, éditions ».

Pour Lendroit éditions, la proposition de l’artiste mêlera plusieurs corpus d’images récentes dans un accrochage elliptique, la trame d’un récit halluciné ou occulte au sein duquel naviguent des corps, entités et symboles. Le Seuil pourrait être une cartographie visuelle à la fois énigmatique et initiatique au sein de laquelle des individus sont en quête d’une transformation. Un rapport instable au réel, entre attraction et fantasme se dessine depuis les espaces rituels et psychiques que ces individus investissent comme des lieux de replis et d’introspection. Le récit que propose l’artiste navigue autour de symboles, de métaphores, des tentatives pour évoquer l’invisible, l’expérience de la transcendance recherchée. L’expérience numineuse développée par le théologien allemand Rudolf Otto (1869-1937), nous confronte à une sphère qui au-delà du rationnel se présente à la fois comme fascinante et effrayante.
Une expérience du « sacré » qui par l’affranchissement des limites et des conditionnements conduisent l’individu à sortir de lui-même . En tant que photographe c’est l’ambivalence de l’expérience « Numineuse » qui m’importe d’explorer , ce moment ou la fascination rencontre la peur. Cette angoisse de la perte du soi ( d’un soi) et d’une disparition de l’ego, de l’anéantissement d’une personnalité psychique ou dépersonnalisation, représente un espace fascinant, un terrain pour questionner les doutes de l’individu contemporain .