Chaque année, dans le monde, de façon régulière, plus de 800 000 personnes se donnent la mort. Si toutes les 40 secondes un individu se suicide, il nous faut donc comprendre qu’à l’échelle mondiale, ce phénomène d’autodestruction prélève un lourd tribut en vies humaines.

Par-delà ces statistiques, ces taux de suicide et, aussi, les méthodes utilisées pour se donner délibérément la mort, il importe de s’interroger sur les raisons ou encore les causes de cette tragédie. Sans doute existe-t-il un large éventail de facteurs qui va du désespoir au contexte social délabré, de la dépression à des situations d’échec répétées, de la souffrance existentielle au goût du malheur. Cette allergie au monde demande à être comprise.

Ce petit essai, parti d’une expérience personnelle à la fois obscure, vertigineuse et terrifiante, réfléchit sur l’éventualité d’une pulsion de mort, théorisée par Freud en 1920 dans son livre Au-delà du principe du plaisir. La question à laquelle tente de répondre cette étude consiste à se demander si l’intention de mourir, dans bien des cas, n’obéirait pas, dans un moment de crise aiguë, à un acte impulsif ou bien à une sorte de « flash » invasif totalement imprévisible. A l’opposé, faut-il toujours comprendre, dans ce passage de l’idée à l’acte suicidaire, une planification et une élaboration morbides qui conduiraient, pour différents motifs, le sujet à mettre fin à ses jours ?